La PDG de YouTube, Susan Wojcicki, a reçu le prix « Free Expression » du Freedom Forum Institute lors d’une cérémonie virtuelle parrainée par la plateforme vidéo elle-même.
C’est la créatrice de YouTube Molly Burke qui a remis la distinction à Susan Wojcicki dans une vidéo partagée sur la plate-forme. « Je suis très heureuse d’être ici ce soir pour remettre à Susan Wojcicki le prix de la liberté d’expression. En tant que PDG de YouTube, Susan est confrontée à certains des problèmes les plus critiques liés à la liberté d’expression aujourd’hui », a déclaré l’hôtesse.
Par « problèmes critiques liés à la liberté d’expression aujourd’hui », sans doute, fait-elle référence au délicat travail du modérateur sur la plateforme. Le modérateur c’est celui qui retire les contenus jugés offensants, qui trie et met à disposition des utilisteurs, des contenus faisant autorité, quel que soit le domaine. Il réduit les recommandations de contenus jugés « limites » et récompense des créateurs de contenus en s’appuyant sur des standards stricts. C’est donc sur la base de ses appréciations que la plateforme a censuré Donald Trump au moment des élections américaines, que le site Francesoir a vu sa chaîne Youtube sauter après un entretien avec Jean-Marie Bigard ou encore, que l’une des vidéos hebdomadaires de l’infectiologue Didier Raoult a sauté.
La notion de « contenus haineux » n’est tout simplement pas recevable puisqu’elle ne peut faire l’objet d’aucune définition juridique.
« La liberté d’expression ne doit pas être tenue pour acquise » a déclaré Susan Wojcicki, « il faut la protéger ». Oui, et pour cela la PDG de la plateforme de Google met un point d’honneur à « refuser les contenus pour adultes, les contenus haineux, les contenus dangereux ». Le problème c’est que la lutte contre les contenus dits « haineux » frôle nécessairement la censure. En effet, la notion de « contenus haineux » n’est tout simplement pas recevable puisqu’elle ne peut faire l’objet d’aucune définition juridique. C’est la porte ouverte au pur arbitraire. Il est bien évident que la qualification d’un « contenu haineux » ne sera pas la même selon les croyances et les convictions de chacun. Par exemple, le fait qu’un humoriste très populaire en France puisse émettre des doutes quant à la bonne foi du Président dans la crise sanitaire et le compare à Kaa du livre de la jungle devrait-il être considéré conne « un contenu haineux » ?
Suite à la cérémonie, certains utilisateurs de Twitter se sont moqués de Susan Wojcicki pour avoir reçu un prix sponsorisé par sa propre plateforme.
« Le PDG de YouTube a remporté un prix de la liberté d’expression … sponsorisé par YouTube. Hahahahhhaahhhahhahahahaaaaaaa », a écrit un utilisateur.
YouTube CEO won a Free Speech award…sponsored by YouTube. Hahahahhhaahhhahhahahahaaaaaaa pic.twitter.com/QX56hNUnFL
— Matt Orfalea (@0rf) April 19, 2021
Un autre a écrit: « Lol, YouTube reçoit un prix pour la liberté d’expression. Quelle est la prochaine étape, Facebook obtenant un prix pour le respect de la vie privée? »
Lol, youtube receiving an award for free expression/pro first amendment is Orwellian sh!t. What's next, Facebook getting an award for respecting privacy? https://t.co/PEiT3ZUgMB
— Solidarity ☭ 🦺 (@Karlmarxhd) April 18, 2021
L’Observatoire du journalisme a aussi ironisé sur le sujet : « Quand le PDG de youtube reçoit le prix de la liberté d’expression, c’est un peu l’équivalent du prix Nobel de la paix remis à Barack Obama. »
Quand le PDG de youtube reçoit le prix de la liberté d'expression, c'est un peu l'équivalent du prix Nobel de la paix remis à Barack Obama. https://t.co/2ZYKnbN0jQ
— Observatoire du journalisme (Ojim) (@ojim_france) April 22, 2021