La viande halal imposée au gala de l’INSA Hauts-de-France

Par Marine
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L’association étudiante en charge de l’organisation du Gala Nuit INSA a dévoilé sur Facebook, le menu de la soirée qui sera … Halal. La direction de l’établissement affirme ne pas avoir été consultée en amont. 

J-1 ! Ce samedi, les étudiants de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) Hauts-de-France, les enseignants, la direction et quelques partenaires industriels se réuniront pour la traditionnelle soirée de gala. C’est l’évènement festif qui accompagne la remise des diplômes. Pour l’occasion et comme chaque année, l’association Nuit INSA réunit cinq étudiants qui se donnent quelques mois pour organiser la soirée qui clora convenablement le cursus scolaire des futurs ingénieurs. C’est à la cité des congrès de Valenciennes (Nord) que vont se dérouler les festivités. Pour y participer, il faut débourser 42 euros si l’on fait partie de l’école et 50 euros pour les extérieurs. La première partie de soirée est consacrée à la remise de diplômes. Après toutes ces émotions et quelques coupes de champagne, les étudiants auront bien mérité de se restaurer. 

Un menu halal 

L’association a eu carte blanche pour choisir le menu. Ses membres se sont naturellement tournés vers l’un des traiteurs proposés par le lieu d’accueil. Le menu, tenu secret pendant un temps a été dévoilé le 18 février dernier par une publication sur la page Facebook du gala. Et surprise, Nuits INSA a prévu un suprême de volaille Halal accompagné au choix d’un gratin de pommes de terre ou d’un gratin de légume et une option végétarienne à base de poisson. 

Si a priori, la viande halal n’est pas bannie des dîners de gala, il y a vice de consentement puisque les étudiants ont pris connaissance du menu après fermeture de la billetterie. En effet, l’association a lancé la vente de billets le 3 janvier et annonçait la fermeture de la billetterie au 16 février. Soit deux jours avant que le menu ne soit dévoilé. Autrement dit, les étudiants ont consenti sans le savoir à consommer halal sinon à se contenter du menu végétarien. Certains des futurs diplômés se sont émus de cette annonce considérant qu’il ne va pas de soi de se voir imposer un plat à base de viande halal lors d’un évènement organisé par l’école. « Bonjour, je crois voir qu’il n’y a que deux plats : halal et végétarien. Mais y’a-t-il un plat normal de gala prévu ? » peut-on lire dans les commentaires sous la publication. À cette question, l’association répond tout simplement que le plat normal est le menu composé d’une volaille halal. 

Un établissement public de l’État

Une réponse peu convaincante pour les étudiants qui s’opposent philosophiquement à la consommation de nourriture halal. Car qu’est ce que le “halal” ? En arabe, le mot “halal” signifie ce qui est permis, ce qui est licite au regard de la loi islamique, c’est à dire la Charia. Et il n’est donc pas normal pour un établissement public d’imposer à la majorité les revendications confessionnelles de la minorité musulmane.

Ces étudiants ont demandé le remboursement des billets qui leur a été d’emblée refusé. L’impermédia a contacté les membres de l’association pour avoir des explications quant au motif de ce refus. Ces derniers n’ont pas souhaité nous répondre.

Il aura fallu attendre la sollicitation de la presse sur cette question pour que la direction de l’INSA décide de permettre le remboursement des billets. Contacté par l’impermédia, Armel de la Bourdonnaye nous a finalement prévenu qu’ « qu’après avoir étudié le dossier, les étudiants qui souhaitent se désinscrire pourront se faire rembourser. » Il a par ailleurs affirmé n’avoir jamais été consulté quant au choix des menus. « Moi j’organise la remise des diplômes. Le volet festif est aux étudiants ». Celui qui dirige l’INSA Hauts-de-France depuis 2018 met en avant « l’autonomie » et la « responsabilité des étudiants » dans leurs activités associatives : « Quand on fait confiance aux étudiants, il arrive qu’on ait des surprises et c’est aussi ça qui leur permet d’apprendre. On va tous collectivement apprendre de nos erreurs… » a-t-il ajouté avant de nous confier que  « quand il l’a découvert c’était un ‘coup parti’ et il n’a pas pris la décision de changer le menu parce que le traiteur avait fait ses commandes pour 800 couverts ». 

Le menu supprimé des réseaux sociaux

Armel de la Bourdonnaye a été nommé le 1er juillet 2018 à la tête de l’établissement par Frederique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Celle là même qui promettait au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur CNews d’ouvrir une enquête sur « l’islamogauchisme à l’Université ». « Ce que l’on observe à l’Université c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamogauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc. » Et d’annoncer, dans la foulée, l’ouverture d’une enquête par le CNRS « sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université ». 

À la suite de notre tentative d’entrer en contact avec les membres de l’association, la publication des menus a été supprimée de Facebook. Si le directeur indique ne pas être au courant, la simultanéité des échanges que nous avons eu avec lui et la suppression du message laisse à penser qu’une mise au point à bel et bien eu lieu. « On est à la fois ouvert culturellement mais on est un établissement public de l’Etat. Dans nos activités, on applique une neutralité complète. On est ouverts à ceux qui ont une religion, et à ceux qui n’en ont pas », a précisé Armel de la Bourdonnaye. Mais au nom d’un souci d’inclusivité, l’association composée d’étudiants n’exclut-elle pas une partie des élèves ? 

Le halal est l’instrument d’un djihad non violent

Cette histoire n’est pas sans rappeler la polémique qui avait secouée l’IEP de Grenoble en octobre dernier. L’association « Cafet en Kit », en charge de la cafétéria de l’école iséroise et agréée par l’IEP avait annoncé dans un message posté sur ses comptes Facebook et Instagram qu’elle proposerait une gamme de produits 100% halal. Syndicats étudiants, médias et certains professeurs s’étaient emparés du sujet pour dénoncer une certaine soumission à l’idéologie woke de la part de l’IEP. 

Si le cas de l’INSA n’a pas fait grand bruit, traiter le sujet à la légère serait une « erreur » si l’on se réfère aux travaux de l’anthropologue et chargée de recherche au CNRS sur les questions du marché des aliments et produits halal Florence Bergeaud Backler. En effet, « il ne faut pas considérer à tort le marché du halal comme neutre religieusement ». Au contraire, selon elle « le halal est l’instrument d’un djihad non violent, qui consiste à acclimater progressivement les sociétés à un islam totalisant. Le halal est devenu un soft power très performant pour imposer aux sociétés démocratiques la présence d’un modèle théocratique sans passer par le politique ou le droit. »

 

 

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