Le président des États-Unis s’autorise des discours sur la race qu’aucun de ses prédécesseurs n’auraient tenu avant lui.
Quelques heures après la clôture du procès de Derek Chauvin – le policier de Minneapolis déclaré coupable de meurtre, homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort de George Floyd – Joe Biden a donné un discours teinté de wokisme. Abandonnant son devoir de réserve, le président des États-Unis a déclaré devant la nation qu’il « faut reconnaître et affronter de front, le racisme systémique qui existe dans les services de police et dans notre système de justice pénale plus largement. » Des mots forts, aux couleurs militantes que Barack Obama, n’aurait sans doute pas osé prononcer.
Les Américains sont de plus en plus préoccupés par la justice raciale ; les jeunes électeurs en sont particulièrement animés. Les femmes qui étaient descendues dans la rue après la défaite d’Hillary Clinton en 2016 sont devenues en 2020 des militantes pour la justice raciale. C’est en partie la raison pour laquelle Biden a étudié le langage inclusif racial lors de sa campagne présidentielle. En fait Joe Biden est un président Woke, qui use de la théorie critique de la race de manière inédite.
Depuis le 20 janvier 2021, le locataire de la Maison Blanche et son administration ont embrassé certaines des figures et des réalisations les plus controversées de la culture woke, dont Ibram X. Kendi, théoricien de l’antiracisme, et le Projet 1619 du New York Times, relecture de l’histoire américaine à travers le prisme de la traite des esclaves aux États-Unis.
L’équité pour tous !
Dès sa première journée en tant que chef de l’État, le 46e président a montré son jeu en abrogeant un décret présidentiel signé quatre mois plus tôt par Donald Trump. Ce décret avait pour but de soutenir ce que l’ancien président des États-Unis appelait « l’éducation patriotique », en interdisant notamment aux agences et sous-traitants fédéraux de tenir des formations sur la diversité dans lesquelles il serait enseigné que les « membres d’une race quelconque sont intrinsèquement racistes ou intrinsèquement enclins à opprimer les autres ». Son décret faisait suite à une note dans laquelle il ciblait particulièrement les programmes fondés sur la « théorie critique de la race » et le « privilège blanc », concepts qu’il qualifiait de « propagande anti-américaine ».
À sa place, l’ordre de Biden affirme: « Notre pays est confronté à des crises économiques, sanitaires et climatiques convergentes qui ont iniquités révélées et exacerbées, tandis qu’un mouvement historique pour la justice a mis en évidence les coûts humains insupportables du racisme systémique… C’est donc la politique de mon administration que le gouvernement fédéral doit poursuivre une approche globale pour faire progresser l’équité pour tous, y compris les personnes de couleur et autres qui ont été historiquement mal desservis, marginalisés et affectés par la pauvreté et les inégalités persistantes. »
Un discours sur la race qui endoctrine les étudiants et les enseignants
Une vision du pays qui progressivement s’immisce dans l’éducation des enfants. Le 19 avril, le ministère de l’Éducation a proposé de subventionner des programmes éducatifs « qui intègrent des perspectives diverses sur le plan racial, éthique, culturel et linguistique ». Il a notamment encouragé les participants éventuels à recourir aux ressources du Projet 1619 du New York Times.
Pour promouvoir les « pratiques antiracistes », le ministère de l’Éducation cite par ailleurs un passage du livre How to Be an Antiracist, de l’historien Ibram X. Kendi, apôtre de l’antiracisme racialiste : « Une idée antiraciste est toute idée qui suggère que les groupes raciaux sont égaux dans toutes leurs différences apparentes – qu’il n’y a rien de bien ou de mal dans aucun groupe racial. Les idées antiracistes soutiennent que les politiques racistes sont la cause des inégalités raciales. »
Si les démocrates souhaitent convaincre les Américains que les États-Unis sont institutionnellement racistes comme pendant Jim Crow, de nombreux détracteurs du wokisme, y compris les conservateurs, reprochent à ses adeptes d’avoir abandonné les idéaux d’égalité et d’harmonie du mouvement des droits civiques, tels qu’exprimés par Martin Luther King.